Le pire serait que nous soyons heureux ce soir !!

09/01/2014 23:57
 

 


 

On peut légitimement être satisfait que le ministre de l’intérieur ait pu obtenir, non sans mal,  qu’un meeting antisémite ait été finalement interdit ce soir. Mais c’est tout !!

 

Au-delà de ce constat factuel, il faut maintenant faire un état des lieux de la France aujourd’hui.

 

*D’abord, pour obtenir ce résultat, le ministre de l’intérieur a du utiliser des moyens exceptionnels : il ne serait arrivé qu’une fois depuis un débat sur la peine de mort dans les années 70 que le conseil d’Etat ait été amené à statuer dans la journée même, ce qui est nuisible à la réflexion. Comment en sommes nous arrivés à attendre le dernier jour, presque la dernière heure, pour demander à l'Autorité administrative suprême son avis sur un problème qui se pose depuis des mois, voire des années.

 

*Il serait intéressant de connaitre les attendus du  tribunal administratif de Nantes qui a estimé qu’il n’y avait pas lieu d’interdire une réunion dont le contenu, parfaitement identifié –puisque répété tous les soirs- contrevient parfaitement à la Loi Gayssot datant de Juillet 90 https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_Gayssot ; toutes les lois existent en France pour mettre fin à l’activité délétère du gourou, tant du point de vue de son activité antisémite que de ses quenelles répétées à la Justice française, qu’il bafoue impunément depuis des années.

 

*Même si cela n’aura évidemment rien à voir, il y a fort à parier que pour « se venger », les activistes « pro-Diablerendu » vont utiliser toute cette affaire pour empêcher un peu plus toutes les réunions en faveur de la communauté juives ou d’Israël, même si elles ne contreviennent à aucune loi en vigueur en France.

 

*Il y a eu une réaction salutaire d’une bonne partie de la communauté nationale appuyant l’action de Manuel Valls, mais elle est loin de l’unanimité constatée lors des insultes odieuses à caractère raciste à l’encontre de Christiane Taubira. Au contraire, la lecture des forums sur le web et la vision des reportages à Nantes mettent un accent particulièrement marqué sur la sulfureuse alliance une fois de plus observée entre des gens que tout oppose -au point de se haïr- et qui se retrouvent avec enthousiasme sur ce terrain marécageux de la stigmatisation antisémite, mené par l’extrême Droite et les activités pro-palestiniens. Jamais le chant de "la Marseillaise" (éxecuté -c'est le cas de le dire- par les représentants de ceux qui l'avaient sifflée en d'autres temps) ne m'avait procuré  pareil haut le coeur ...

 

*Pour en revenir à Christiane Taubira, il faut noter le silence assourdissant de la ministre en charge de l’institution judiciaire mise en exergue ce jour. Bien sûr si elle avait donné son avis sur l’affaire, on aurait parlé d’ingérence dans les décisions de justice. Mais en ce moment critique, on aurait aimé l’entendre affirmer la même indignation que celle qui s’est exprimée en sa faveur, comme mentionné plus haut. Un billet -aussi brillant soit il- ne peut pas exprimer le sentiment d'un si haut personnage de l'Etat, directement en charge du problème, responsable de l'administration dont l'inaction chronique est mise à jour quotidiennement dans cette affaire.

 

Rien ne permet aujourd’hui d’afficher le moindre optimisme ; tout porte au contraire à se préparer à un dur combat contre la haine qui peut maintenant, en France, s’exprimer de plus en plus ouvertement, rappelant les sombres heures des années 36-39 où déjà les caricatures anti-juives s’étalaient à la Une de beaucoup de « journaux », s’abritant déjà derrière la fameuse Liberté d’Expression. Comme si exprimer sa Haine du juif, sa Haine de l’Autre, pouvait –dans une société dite civilisée- être considéré comme une forme de liberté !!  

René CHAMS.