MEDICAMENTS : sommes nous tous empoisonnés ?
16/02/2013 22:12
Il faut se poser la question de la vision du médicament que nous donnent les médias et de la finalité des questions posées: Danger pour notre Santé ou l'Economie de la santé ?
Ainsi, nous avons eu droit cette semaine à une diatribe sévère lancée par un professeur à la retraite contre les statines; il décrète que cette classe de médicaments ne sert à rien et est cité par tous les médias comme le nouveau "chevalier blanc" de la défense des patients empoisonnés.
Avec tout le respect que je lui dois, il serait intéressant que l'on puisse savoir ce qui lui permet de déjuger une catégorie de médicaments dont tous les médecins s'accordent à penser que c'est celle qui a le plus apporté aux patients coronariens dans les dernières décennies ?
Les journalistes -toujours aussi prompts à se fondre dans le banc de poissons- n'ont évidemment pas songé une seconde à lui demander pourquoi les études auxquelles il se réfère seraient elles plus crédibles que les dizaines de celles qui nous ont été présentées avant et qui avaient -elles- reçu l'aval de nos pairs ("elles sont toujours analysées et synthétisées par des sociétés savantes, en principe indépendantes, et qui ne peuvent pas être toutes pourries..." comme le dit le professeur Claude Lefeuvre - https://tempsreel.nouvelobs.com/le-dossier-de-l-obs/20130214.OBS8976/cholesterol-un-cardiologue-repond-au-professeur-even.html - que je respecte autant si ce n'est plus que lui, car je ne le soupçonne pas de vouloir avant tout faire parler de lui).
Le plus écœurant dans cette histoire, c'est que -comme à son habitude semble t'il ( https://docteurdu16.blogspot.fr/2010/12/le-professeur-philippe-even-ne-manque.html) - il semble faire fi du tort extrême porté à la relation des médecins généralistes avec leurs patients. Par son attitude, il laisse croire que ces médecins n'ont que faire des effets que leurs traitements induisent; comme si les patients n'étaient pas suivis pour ces effets secondaires qu’il semble découvrir et que tout le monde connait depuis des années; pour la commodité de son raisonnement, il omet de dire que des milliers de patients ont arrêté ces traitements du fait de crampes ou de perturbations sanguins ; mais que des millions d’autres les ont continués sans aucun dommage, avec des résultats plus que probants.
Et surtout il ne se gêne pas pour faire passer ces mêmes médecins (bien sûr ils ne sont que généralistes ..) pour des ignorants qui ne savent pas que les mesures d’hygiène alimentaire et d’exercice physique sont tout aussi importantes que n’importent quels traitements ; cette attitude est méprisable, parce que –en tant qu’homme de médias autant que de médecine- il sait que dans notre beau pays, celui qui détruit est toujours plus encensé que celui qui défend (collusion, intéressement, ignorance…). « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».
Surtout ne confondons pas ; à nos yeux ce n’est pas le Dr Frachon !! Elle qui a eu le mérite de s’appuyer sur des cas concrets, qu’elle a découvert elle-même ; qui a défendu ses idées en prouvant ce qu’elle disait, sans se référer à des études mystérieuses ; qui a épaulé ses patients jusqu’au bout pour prouver le mal qu’on leur avait fait ; et personne n’a songé -dans le monde médical- à défendre le Médiator, qui n’avait pas bénéficié des mêmes études que les statines.
Le plus troublant c’est que dans le dossier de France 2 (où on a entendu les deux sons de cloche, il faut bien le dire) le reportage s’est terminé sur un gros plan des 2 statines les plus chères : Tahor et Crestor … Et si ce professeur n’était que le fer de lance de ceux qui souhaiteraient faire des économies sur le dos des patients.
Délire ?? Alors comment peut on expliquer que le lendemain, sur la même chaine (et toutes les chaines d’info) apparaissait en gros titre l’info selon laquelle « les médicaments non remboursés allaient pouvoir être vendus sur internet, sans conseil » ?
Ce cher professeur, peut il répondre à cette question : est-ce plus dangereux qu’un patient coronarien prenne des statines ou qu’un patient hypertendu avale de l’Advil-caps (ce qui peut donner des poussées d’hypertension pouvant être sévères)? Ce qui arrive tous les jours et que les généralistes constatent régulièrement dans leurs consultations.
Le danger du médicament semblerait donc pour lui –et tous les médias qui montent en épingle ses propos- surtout de couter cher à la Sécu. Ce n’est peut être pas le fond de sa pensée, mais c’est la désagréable impression qu’il donne à ses confrères.
Mais il semble plus important (et avantageux) à ses yeux d’apparaître comme le « pourfendeur des méchants pervertis ».
CHAMS