Pourquoi la déclaration d’Angelina Jolie sur sa mastectomie est un acte majeur
29/05/2013 00:11
Il parait essentiel de revenir sur l’annonce d’Angelina Jolie, surtout après avoir lu certains commentaires dont la mesquinerie n’a d’égale que l’ignorance de ceux qui les ont proférés.
Que n’a-t-on pas lu sur cette histoire ? « Besoin de publicité ; elle a les moyens de se refaire les seins après, elle ; indécence de parler de problèmes aussi personnels ; choquant d’utiliser une mutilation comme traitement… »
Alors, il faut insister sur un point crucial ; Angélina Jolie n’a pas seulement un cancer du sein (ce qui en soit est déjà une si terrible épreuve) , elle est atteinte d’une forme rare –environ 7% des cas de cancers du sein- d’origine génétique, concernant une anomalie du gène BRCA1.
Dans ce cas, la transmission familiale est presque assurée, ce qui veut dire que lorsqu’une femme est atteinte, le plus souvent ses sœurs et surtout ses filles, sont presque toujours condamnées. Et pour aggraver les choses, cette forme de cancer est particulièrement sévère.
Angélina Jolie en est donc atteinte ; sa mère et maintenant sa tante en sont décédées. Et à ce jour, le seul moyen d’éviter -A COUP SUR- la survenue d’une telle catastrophe est la réalisation d’une mastectomie totale (ablation totale des seins) ; ce qu’elle a subit et fait connaitre au monde.
Est-ce un étalage indécent de sa vie privée ? Certainement pas. Qu’Angélina Jolie, dont l’apparence physique (sans faire injure à son talent) est un atout majeur dans sa notoriété, prenne le risque d’écorner cette image pour faire passer un tel message est un acte d’un courage exceptionnel. Grâce à ce geste fort, beaucoup de jeunes femmes confrontées à cet horrible dilemme vont pouvoir comprendre l’importance d’un tel traitement préventif ; savoir qu’il existe des solutions de reconstruction mammaire beaucoup plus faciles à réaliser à titre préventif qu’après avoir enlevé une tumeur. Et que si cela n’a en rien affecté la vie d’une star qui vit de son image, c’est que cela n’est pas une solution aussi horrible qu’il n’y parait, même si la décision reste évidemment difficile à prendre.
Quant au coût de la reconstruction, il faut rappeler que dans ce cas il est non seulement intégralement pris en charge par la sécurité sociale (en France en tous cas) et en plus effectué par des vrais spécialistes.
On ne voit pas en quoi il apparait si horrible à beaucoup de femmes d’envisager une « mutilation » comme solution thérapeutique, alors même que la reconstruction va redonner à ces patientes la même apparence qu’à toutes ces femmes qui décident librement et sans autre raison « qu’esthétique » de subir la même intervention… sauf que pour Angélina Jolie et toutes les femmes qu’elle aura convaincues, cela va en plus leur sauver la vie.
Enfin, les premiers à louer cet acte exceptionnel seront sans aucun doute les médecins, qui trop peu souvent confrontés –heureusement- à ce problème pour maitriser la communication face à un tel drame, pourront s’appuyer sur cet illustre exemple pour aider leurs patientes dans ce combat difficile. Il est maintenant avéré que la communication audio-visuelle est autrement plus efficace que la difficile communication individuelle de chaque médecin, la fameuse campagne « les antibiotiques, c’est pas automatique » nous l’ayant clairement démontré.
René CHAMS